mercredi 21 août 2013

Comment rater sa reprise d'entreprise ?



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Il est un fait que reprendre une entreprise, qu’elle soit saine ou en difficulté n’est pas une chose facile. En effet, re-prendre une entreprise signifie qu’on arrive après quelqu’un et dans un système établi, qu’il soit bon ou mauvais. Se pose alors le choix de tout laisser comme avant ou de changer les choses. Sachant que, par nature, il est quasiment impossible de tout laisser comme avant, ne serait-ce que parce que le dirigeant est différent, ce qui constitue déjà un changement.

Seulement il y a des actions qui si elles sont menées correctement peuvent permettre à l’entreprise de continuer à progresser, et d’autres qui peuvent la mener dans le mur …



Voici donc quelques exemples de choses à faire si vous voulez que l’entreprise que vous avez reprise coule.

1) Ne communiquez pas sur votre projet d’entreprise

Reprendre une entreprise n’est pas un acte anodin. Il nécessite de la réflexion et des investissements. Tout cela est donc le fruit d’une stratégie personnelle ou industrielle et est une étape de la vision globale du chef d’entreprise.

Or une vision doit se partager si on veut avoir une chance que les collaborateurs adhèrent et donc s’impliquent. D’autant que chaque décision qui est prise s’inscrit normalement dans le cadre de cette vision stratégique puisque les choix à court terme doivent être guidés par l’objectif à long terme.

Mais ces choix à courte terme, sortis de leur contexte, peuvent être mal compris. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de les contextualiser et donc de communiquer au préalable sur la vision à long terme.

En d’autres termes, si vous voulez que personne n’adhère à vos décisions ou à vos choix, la meilleure façon est de ne pas expliquer la raison pour laquelle ils ont été pris.

2) Ne faites pas d’audit interne

Un audit interne permet de savoir quelles sont les forces et les faiblesses de l’entreprise. Cela permet entre autres de comprendre les circuits d’information qui existent et de mesurer leur efficacité. Une fois cet audit fait, un plan d’action doit être mis en place pour déterminer ce qui doit évoluer.

Evidemment, tout cela s’inscrit une fois de plus dans le cadre plus général de la vision stratégique de l’entreprise. Par exemple, une entreprise qui aurait pour but à 5 ans de doubler son chiffre d’affaires dans le secteur des particuliers devra développer son activité commerciale. Si l’audit montre que c’est un point faible de l’entreprise, il devra être renforcé en priorité.

Aussi, si vous ne faites pas d’audit interne, vous n’aurez aucune information sur la façon dont l’entreprise fonctionne aujourd’hui, ce qui obèrera votre capacité à adapter la structure aux enjeux de demain.

3) Gardez les brebis galeuses

Lors d’une reprise il y a normalement des collaborateurs mécontents. Certains sont frustrés car ils auraient voulu prendre une part plus importante dans la nouvelle structure, d’autres sont des « traîtres » qui ont tout fait pour saboter le fonctionnement de l’entreprise, ce qui l’a conduite au bord du dépôt de bilan, etc … Bref, on retrouve tous les profils possibles au sein du personnel et seuls des entretiens individuels menés correctement permettront d’établir une « cartographie » des personnalités : ceux qui vont suivre, ceux qui vont hésiter, ceux qui vont freiner …

Une fois cette cartographie réalisée, il faut bien entendu la croiser avec celle des compétences et des potentiels de risque. Par potentiels de risque j’entends les collaborateurs qui par leur action peuvent avoir un impact négatif sur l’entreprise : un commercial qui gère un compte clef ou un comptable qui gère l’ensemble des comptes de l’entreprise par exemple.

Une fois que le cocktail personnalité-pouvoir de nuisance-compétences est établi, il est temps de ne garder que les collaborateurs qui peuvent apporter quelque chose à l’entreprise et se débarrasser des autres, ce qui sera d’autant plus facile en arrivant : il n’y a pas encore de relation affective créée entre le dirigeant et l’entreprise et des actes forts permettent de marquer son territoire.

Ainsi, si ce travail n’est pas fait, les brebis galeuses continueront leur travail de sape et l’entreprise n’atteindra pas les objectifs qui seront fixés.

4) Ne prenez aucune décision


La prise de décision est une des caractéristiques des dirigeants. C’est d’ailleurs en gros ce qu’on leur demande. C’est d’autant plus important que le dirigeant a le pouvoir de prendre des décisions et que ses décisions engagent l’entreprise.

Si des situations se présentent qui nécessitent des prises de décisions rapides et fortes, le dirigeant qui agira sera respecté, même si les décisions sont mal acceptées au début. Pour peu que le dirigeant communique en interne sur les raisons qui l’ont décidé à agir de la sorte, les collaborateurs comprendront et finiront par accepter.

Encore une fois, il ne s’agit pas de se justifier car un dirigeant n’a pas, à proprement parler, de comptes à rendre à ses salariés. Il s’agit simplement d’expliquer les raisons d’une décision et de montrer qu’elle s’inscrit dans une stratégie globale.

Le fait de ne jamais décider quoi que ce soit et donc laisser pourrir les situations est un excellent moyen pour perdre toute crédibilité face à ses salariés mais également pour mener l’entreprise à sa perte.


Il y a de nombreuses choses qu’un dirigeant qui vient de reprendre une entreprise doit faire pour rater celle-ci, mais il me semble que les erreurs décrites plus haut sont celles qui se produisent le plus souvent.
Il y a cependant un paramètre à ne pas négliger : le temps. Au moment d’une reprise, il faut aller vite pour éviter qu’une routine s’installe et que les collaborateurs de l’entreprise pensent qu’au fond tout va rester comme avant.


Et vous quelles sont selon vous les choses à faire pour rater une reprise d’entreprise ?

Pour aller plus loin : 
           

2 commentaires:

  1. Bonjour.
    De très bons conseils, mais il manque pour moi 2 points importants :
    - Ne pas demander dans l'accord de vente, l'accompagnement du cédant pendant une courte période, pour valider tous les accords commerciaux qui liaient celui-ci à des clients ou prestataires au fond de commerce, de façon simplement verbaux, comme ça arrive bien souvent (bien des relations sont basées uniquement sur la sympathie ou l'habitude).
    Dans le même esprit, la non-contractualisation d'une clause de non-concurrence par rapport au cédant peut être une grande erreur.
    - La non-anticipation des litiges potentiels et non-avérés, comme un prud'homme par exemple, peut être fatal pour le repreneur.
    De la même façon, si le cédant n'a pas pris la précaution de contractualiser certains éléments légaux, les brebis galeuses mises de coté, auront quelque chose à se mettre sous la dent.
    Merci pour ce nouvel excellent article.
    Si jamais, par hasard, tu t'ennuyais, un article invité sur Paranormale Entreprise serait vraiment le bienvenu, tant je serais ravi d'accueillir un expert comme toi !
    Amicalement.
    Stéphane.

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    1. Merci pour ce commentaire.

      Il est vrai qu'il faut bien gérer le passage de flambeau entre le cédant et le repreneur. Un bon moyen est de contractualiser ce passage en mettant en place une garantie de passif pour gérer au mieux les risques liés à des "découvertes" post- cession !

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