lundi 1 octobre 2012

Faut-il échouer pour réussir ?



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La réussite, qu'elle soit en famille, au travail ou dans les affaires est un marqueur fort de notre société. Une personne qui sera marquée du sceau de la réussite sera appréciée, voire adulée !

En contrepartie, l'échec est l'exact revers de la réussite, à la nuance près que selon les cultures, il sera considéré soit comme un mal nécessaire, soit comme une étape obligée, soit comme la preuve que nous avons fait preuve de trop d'arrogance ou de suffisance, et que nous en payons le prix.


Mais la question reste posée : faut-il échouer pour réussir ? ou la réussite peut-elle arriver directement ?

1) La réussite et l'échec - une question de culture ?

Il est remarquable sur la religion a eu une influence très forte sur nos cultures. Pour ne parler que des pays occidentaux, on constate que les pays majoritairement catholiques sont ceux où l'homme doit être extrêmement humble et où le succès doit être discret de peur de passer pour une provocation à l'égard de Dieu. A l'opposé, les pays majoritairement protestants sont ceux où le succès étant le signe visible de l'amour de Dieu pour les hommes, il n'y a aucune raison de se cacher lorsqu'on a réussi, bien au contraire !

Cette analyse historico-religieuse est peut-être simpliste, mais on constate que le comportement de la société face à la réussite est vraiment différent selon que l'on soit aux Etats-Unis, au Canada, en Angleterre ou en Allemagne, ou bien en France, en Italie ou en Espagne ...

Quant à l'échec, il était généralement perçu par les catholiques comme une punition divine pour avoir tenté de trop monter, tandis que pour les protestants, il était un signe de Dieu que l'on n'était pas sur la bonne voie et qu'il fallait donc recommencer !

Je pense que, même si aujourd'hui les sociétés dans lesquelles nous vivons sont très complexes, ouvertes et multi-confessionnelles, il n'en reste pas moins que leur socle a été bâti par ces religions, et que cela continue à déterminer les comportements généraux.

2) Comment se reconstruire à partir d'un échec - confirmat quod non necat !

Alexandre le Grand disait "ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort", ce qui a été repris plus tard en latin par la sentence fameuse "confirmat quod non necat !"

Cette phrase s'applique parfaitement à l'entrepreneur qui a échoué dans son projet et qui, parce qu'il a ça dans le sang, veut repartir.

Dans mon article sur la gestion du changement dans les organisations, je faisais allusion aux 5 étapes du deuil de Kubler Ross :
  • dénégation
  • colère
  • marchandage
  • dépression
  • acceptation
Ce processus peut parfaitement s'adapter à l'entrepreneur qui a échoué, en appliquant cette analyse à lui-même pour un deuil qui concerne son projet.

Car la première étape fondamentale selon moi pour rebondir, est de commencer par faire le deuil de sa défunte entreprise !

Et c'est ici qu'interviennent deux méthodes que j'ai appliquées dans mon cas personnel, lorsque j'ai voulu analyser les raisons de l'échec de ma première société :
Ces outils sont généralement utilisés pour analyser le fonctionnement (ou les dysfonctionnements) d'une entreprise. Mais on peut bien entendu les appliquer à son projet défunt ! Ceci ne pouvant se faire que lorsqu'on a atteint l'étape de l'acceptation dans le cheminement de Kubler Ross.

Ce travail est absolument fondamental car il conditionne la suite !

En effet, les mêmes causes conduisant aux mêmes effets, si on reproduit les mêmes erreurs que dans le passé, on aura les mêmes échecs. Même si ce raisonnement basique doit être tempéré par l'existence de paramètres environnementaux comme l'écosystème dans lequel évoluait l'ancienne entreprise et celui dans lequel évoluera le nouveau projet, et qui ne sont pas forcément les mêmes ...

En tout cas, ce travail sur soi, à réaliser sans rien se cacher, est absolument crucial car si demain vous devez faire appel à des investisseurs pour vous aider à lancer votre nouveau projet, il sera impératif de leur montrer que vous avez appris de vos erreurs et que vous êtes désormais un homme nouveau et plus riche de cet enseignement !

3) En pratique ?

Je pense que le fait de passer par un ou des échecs qu'on aura su analyser, ne peut que nous enrichir.

Loin de moi l'idée de faire l'apologie de l'échec, mais il est important de comprendre que l'échec est consubstantiel du projet, et que la réussite d'une affaire est en fait plus généralement l'exception que la règle. Le chiffre de 9 échecs de startups pour 1 succès n'en est-il pas la preuve flagrante ?

Certains échecs sont dus à des causes externes au projet (retournement de marché, crise majeure, guerre, etc.), mais d'autres, sans doute tout aussi nombreux, sont dus à des causes internes (manque de cash, problèmes de communication interne, arrogance du dirigeant, etc.).


Le plus délicat est de convaincre ceux qui peuvent nous aider que le fait d'avoir vécu un échec nous a rendu plus fort et que notre nouveau projet a beaucoup plus de chances de réussir. Encore une fois, nous entrons dans les cultures des pays puisque dans la Silicon Valley, les Business Angels et les Capital-Risqueurs préfèrent généralement suivre un entrepreneur qui a connu l'échec plutôt qu'un nouveau venu dans le monde des affaires !
A l"inverse, en France, dans le meilleur des cas vous êtes marqués au fer rouge par la Banque de France pendant 3 ans, et dans le pire des cas, vous perdez tout, sans possibilité de redémarrer rapidement une activité ...

Donc, pour résumer, on peut dire qu'il n'y a pas de nécessité à échouer pour réussir, mais que pour beaucoup, la réussite n'a pu exister que parce qu'à un moment il y a eu un échec !

Et, pour finir, on peut dire sans beaucoup se tromper qu'au-delà de la façon dont l'entrepreneur va grandir de son échec, le pays dans lequel il démarrera son nouveau projet pourra ou non l'aider à réussir son nouveau projet !


Et vous, avez-vous connu des échecs ? Avez-vous pu rebondir ? Vos nouveaux projets sont-ils mieux gérés ?

Pour aller plus loin :
           

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